Ouroboros

Après des années d’abandon, je reviens sur ce blogue. Pourquoi? J’ai besoin de m’exprimer, même si c’est pour parler dans le vide.
J’ai voulu créer un autre blogue, mais je me suis souvenue de ce blogue. Il est là, il existe, même si son nom stupide m’ennuie.
Je vais toutefois élargir les sujets que je vais aborder.
Le nom que je voulais donner à ce nouveau blogue hypothétique était ouroboros, le serpent qui se mord la queue. Car malgré les années, j’en suis au même point, je n’avance pas. Des livres ont été lus, des idées ont été pensées, mais je n’ai rien fait. Est-ce que je suis ce serpent coincé dans le même cycle perpétuel? Je ne sais pas. Mais je me lance. Encore une fois.

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La vérité sur l’affaire Harry Québert

Joël Dicker

Éditions de Fallois/ Âge de l’Homme, 2012

Me voilà de retour sur ce blogue laissé à l’abandon depuis l’arrivée de Bébéosaure et pourquoi? Pour ce roman La vérité sur l’affaire Harry Québert qui a reçu le Grand prix du roman de l’Académie française et le Prix Goncourt des lycéens, et qui a aussi été sélectionné pour le Prix Goncourt et le Prix Interallié, ouf! Que des lycéens tombent pour ce pseudo roman d’apprentissage, je veux bien croire, mais que les membres de l’Académie française, qui ont certainement vu neiger, se laissent berner aussi, ça me fait de la peine (et aussi sérieusement douter de  leur crédibilité).
Alors ce bouquin? C’est un roman « à l’américaine », si par « à l’américaine », on entend un ramassis de personnages clichés mis bout à bout dans un récit cousu de fil blanc avec des rebondissements aussi vraisemblables que des promesses de politicien. Il y a d’abord le héros : jeune, beau, riche et talentueux, mais dans une impasse artistique, puis le vieux prof d’université de la Nouvelle Angleterre qui cache un sombre secret. Il y a aussi la mère juive envahissante et castratrice et le bon flic noir dont les principales caractéristiques sont d’être bon et noir (mais pas de bon roman « à l’américaine, sans un personnage noir, n’est-ce-pas?). Enfin, il y a la fille : Nola (le prénom Lolita était déjà pris, faut croire), 15 ans, blonde, esprit libre dans un corps de femme, blablabla. La gamine bouleverse la vie des gens (enfin des hommes surtout) autour d’elle avant d’être tuée –et oui, un polar américain exige une jolie fille morte. Bref, l’ingénue habituelle; les anglophones ont créé un nom pour ce personnage, Manic Pixie Dream Girl (MPDG): une jeune femme dont le seul but dans l’existence est de faire en sorte que le personnage masculin retrouve le goût à sa vie/art/passion et puisse ainsi atteindre son plein potentiel; cette jeune femme n’existe évidemment que dans l’esprit des écrivains. Voici comment Dicker décrit l’adolescente : «  je me surpris à penser que Nola Kellergan  avait été cette femme exceptionnelle dont tous les écrivains du monde rêvaient certainement. », plus MPDG que ça et c’est la fée clochette qui apparaît!
L’intrigue du roman se résume à ça : qui a tué la gamine? Dicker mène son récit de telle façon que chaque personnage est tour à tour soupçonné puis innocenté avant la révélation finale la plus invraisemblable possible. En conclusion, la seule façon de comprendre les prix et la pluie d’éloge qu’a reçus ce roman, c’est de le lire comme une satire du polar américain. Espérons que se soit là la réelle intention de l’auteur.

***

La définition officielle de Manic Pixie Dream Girl, selon wikipédia: a bubbly, shallow cinematic creature that exists solely in the fevered imaginations of sensitive writers to teach broodingly soulful young men to embrace life and its infinite mysteries and adventures. » MPDGs are said to help their men without pursuing their own happiness, and such characters never grow up, thus their men never grow up.

 

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Mise à jour

Encore une fois, je néglige ce blogue. Depuis l’arrivée de Bébéosaure, je n’arrive plus à trouver le temps d’écrire et encore moins la concentration pour le faire. Voici, toutefois, mes dernières lectures; j’essaierai d’écrire un billet pour les livres qui m’ont le plus marqués.

  • I could do anything if only I knew what it was de Barbara Sher

    Lointain souvenir de la peau de Russell Banks

    Pourquoi pas? de David Nicholls

    Moi, Charlotte Simmons de Tom Wolfe

    Stéroïdes pour comprendre la philosophie de Normand Baillargeon

    Philosophies de notre temps sous la direction de J.-F. Dortier

    Liliane est au lycée de Normand Baillargeon

    Les lisières de Olivier Adam

    Le juste milieu de Annabel Lyon

    Comment Proust peut sauver votre vie de Alain de Botton

    Du Statut social de Alain de Botton

    Les consolations de la philosiphie de Alain de Botton

    De la beauté de Zadie Smith

    C’est comment l’Amérique? de Frank McCourt

    Sept étés de ma jeunesse de Anne Coleman

    A Sung Flung to Heaven de Maya Angelou

    La vie sans fard de Maryse Condé

    Les séparées de Kéthévane Davrichewy

    Journal d’un écrivain de Virginia Woolf

    Les imperfectionnistes de Tom Rachman

    En attendant Babylone de Amanda Boyden

Alors voilà, 21 romans lus et pas un seul chroniqué. Pourtant j’ai lu de belles choses, mais avec bébé, difficile de trouver le temps pour un exercice aussi vain que tenir un blogue. Je suis tout de même déçue de moi-même et j’essaierai de parler des romans qui m’ont plu.

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Arlington Park

Rachel Cusk

Éditions de l’Olivier, 2007

Version originale en anglais : Arlington Park, 2006

 

Présentation de l’éditeur

Les femmes d’Arlington Park -une banlieue résidentielle en Angleterre- ont tout pour être heureuses. En apparence. Car il n’en est rien. Derrière ces vies tirées au cordeau, frustrations, jalousies, déceptions règnent sans partage. Juliet Randall, Maisie Carrington, Amanda Clapp, Solly Kerr-Leigh: chacune a le sentiment d’être passée à côté de sa vie. Chacune tente de se révolter, de résister à la banalité, au passage du temps qui émousse le désir, fane la beauté et affaiblit les êtres.

Dans ce roman, nous suivons pendant une journée cinq femmes qui vivent à Arlington Park, une banlieue cossue de Londres. Nous suivons le fil de leurs pensées pendant qu’elles sont occupées à faire les courses, à prendre soin de leurs jeunes enfants, préparer leurs soupers et toutes autres activités généralement féminines. Elles réfléchissent à leur vie : leur mari, leurs enfants, leur carrière et leur constat est souvent amer; elles sont passées à côté de leur vie trop empêtrées dans les aléas de la vie quotidienne.

On pourrait considérer Arlington Park  qu’une énième variation sur le thème des « desperate housewives », mais le fait est, que en 2013, la question se pose toujours : les femmes peuvent-elles tout avoir? La carrière enrichissante ET la vie de famille épanouie avec enfants et mari. Mais également, la personnalité d’une femme –ses rêves et ses ambitions- sont-ils solubles au sein du foyer?

J’ai bien aimé ces portraits de femmes  jettent sur leur vie un regard au vitriol, notamment sur la question de la maternité. On est loin des clichés de la femme naturellement maternelle, dont la plus grande ambition est d’être « l’ange du foyer ». Rachel Cusk profite également de ce roman pour égratigner la bourgeoisie et son mode de vie en autarcie dans ces banlieues riches aseptisées. En somme, Arlington Park offre une bonne critique sociale de ces femmes aisées qui vivent dans une prison dorée qui prend la forme d’une maison individuelle dans une banlieue protégée.

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D’acier

Silvia Avallone

Les éditions Liana Lévi, 2011

Acciaio, 2010

 

Présentation de l’éditeur

Il y a la Méditerranée, la lumière, l’île d’Elbe au loin. Mais ce n’est pas un lieu de vacances. C’est une terre sur laquelle ont poussé brutalement les usines et les barres de béton. Depuis les balcons uniformes, on a vue sur la mer, sur les jeux des enfants qui ont fait de la plage leur cour de récréation. La plage, une scène idéale pour la jeunesse de Piombino. Entre drague et petites combines, les garçons se rêvent en chefs de bandes, les filles en starlettes de la télévision.

De quoi oublier les conditions de travail à l’aciérie, les mères accablées, les pères démissionnaires… Anna et Francesca, bientôt quatorze ans, sont les souveraines de ce royaume cabossé. Ensemble, elles jouent de leur éclatante beauté, rêvent d’évasion et parient sur une amitié inconditionnelle pour s’emparer de l’avenir.

 

Présenté dans les médias comme une fresque sociale sur le monde ouvrier italien, je considère que D’Acier est d’abord un roman d’apprentissage (« coming of age story » comme on dit en latin). En effet, le cœur de ce roman est l’amitié entre Anna et Francesca, deux gamines de treize-ans-presque-quatorze vivant dans une cité ouvrière italienne qui, durant l’été, vont quitter définitivement le monde de l’enfance.

Comme je l’ai déjà dit, j’aime beaucoup les romans qui décrivent cette étape charnière entre l’âge où on a encore un pied en enfance et le moment où on perd définitivement son innocence. Amies d’enfance à la beauté éclatante, Francesca et Anna ont hâte de quitter le monde de l’enfance pour celui des grands, parce que lorsqu’on est belle comme elles le sont, l’avenir s’annonce brillant.  Silvia Avallone réussit parfaitement à transcrire le monde adolescent au féminin où la beauté physique prend une place prédominante. Les jolies jeunes filles sont au centre de l’attention du groupe d’adolescents, tandis que les jeunes filles moins belles doivent se contenter de jouer les spectatrices. « Dans certains milieux, pour une fille, tout ce qui compte c’est qu’elle soit jolie. Si t’es un boudin, ta vie sera nulle. » 22.

Avallone réussit également à montrer l’amitié entre filles de treize ans : d’abord il est exclusif entre deux filles, comme le disait Margaret Atwood dans L’œil de chat, deux petites filles peuvent jouer ensemble, mais trois, non. Ainsi, la troisième roue du carrosse, Lisa, est laide et de ce fait, exclue de l’amitié avec les jolies Anna et Francesca, sauf lorsqu’elles se brouillent, alors Lisa devient la roue de secours. Les adolescentes d’aujourd’hui parleraient de « best’ », de « rejet » et de « bouche trou ». C’est la dynamique de l’amitié des adolescentes qui est décortiquée dans ce roman, avec ces alliances et ces trahisons.

Avec en toile de fond la cité ouvrière avec ces perspectives d’évasion inexistantes, D’acier offre le portrait de jeunes filles qui se lancent en toute hâte dans le monde des adultes pour rapidement se trouver déçues de ce qu’elles y trouvent.

À lire s’y vous avez aimé L’œil de chat de Margaret Atwood, Lullabies for little criminals de Heather O’Neil.

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La porte du ciel

Dominique Fortin

Éditions Alto, 2011

 

De Dominique Fortier, j’avais beaucoup aimé Du bon usage des étoiles, un peu moins Les larmes de Saint Laurent et son dernier roman La porte du ciel m’a carrément laissé de glace. Ce livre aborde pourtant un sujet qui m’intéresse : l’esclavage avant et pendant la guerre de Sécession, mais le roman ne réussit pas à transmettre la charge émotive d’un tel sujet au lecteur. En comparaison, sur la même thématique, Pluie et vent sur Télumée Miracle arrive à nous transmettre toute la force dramatique de l’esclavage grâce à son personnage éponyme. Dans La porte du ciel, les personnages sont tellement creux qu’on n’arrive pas à s’intéresser à leurs sorts, notamment le personnage de Ève, la jeune fille noire du roman qui n’est absolument pas élaboré. En fait, le personnage le plus élaboré, à défaut d’être le plus sympathique, est celui de la jeune fille blanche qui aura droit à une histoire, des motivations claires et des sentiments.

Au récit principal, Fortier colle le récit situé à notre époque d’un prisonnier noir condamné à mort. C’est la façon de montrer que la situation des Noirs aux Etats-Unis est encore loin d’être belle. J’ai trouvé cela maladroit et inutile. De plus, en filigrane de l’histoire principale, on a également le récit de femmes noires qui font des patchwork. C’est l’élément sensé tenir toutes les parties du roman ensemble. Disons justement que cette œuvre semble rapiécée et cousue de fil blanc.

On constate que Dominique Fortier livre encore une fois un roman érudit –elle connaît le nom des arbres qui poussent en Louisiane et les peintres du début du siècle. Cependant ce roman est sans âme; jamais on ne ressent le drame des personnes ayant vécu l’esclavage. Si vous voulez lire sur ce sujet, il existe de nombreux romans qui vous transporterons aux côtés de ces femmes et hommes d’infortune : Racines de Alex Haley, Aminata de Lawrence Hill me viennent à l’esprit.

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Pluie et vent sur Télumée Miracle

Simone Schwarz-Bart

Éditions du Seuil, 1972

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Dans ce roman magnifique, Simone Schwarz-Bart raconte l’histoire de Télumée Lougandor –dit Miracle- une femme noire née en Guadeloupe trois générations après l’abolition de l’esclavage. Issue d’une lignée matriarcale, Télumée mène sa vie en suivant les conseils de sa grand-mère Toussine -dit Reine Sans Nom- : savoure le bonheur lorsqu’il est présent et ne te laisse pas dominer par le malheur lorsqu’il arrive, ce que Télumée fera tout au long de sa vie, où elle sera tour à tour lavandière, domestique chez les Blancs, coupeuse de cannes à sucre, vieille dame dans son jardin.

À travers cette vie, c’est ainsi toute la société post-esclavage de la Guadeloupe qu’on nous présente : la vie quotidienne des pauvres gens dans le morne de Fond-Zombi; le sentiment de supériorité des Blancs qui n’acceptent pas la fin de l’esclavage chez les Desaragne; la dure vie des Noirs qui travaillent dans les champs de cannes à sucre pour un salaire de misère.

Avec une écriture magnifique, puissante et imagée, Simone Schwarz-Bart peint ainsi le portrait d’une société qui se remet encore de l’horreur de l’esclavage : «  je pense à ce qu’il en est de l’injustice sur la terre, et de nous autres en train de souffrir, de mourir silencieusement de l’esclavage après qu’il soit fini, oublié. J’essaye, j’essaye de comprendre comment tout cela a pu commencer, comment tout cela a pu continuer, comment tout cela peut durer encore, dans notre âme tourmentée, indécise, en lambeaux et qui sera notre dernière prison. ».

La note finale du roman est une ode à la résilience de la vieille femme qu’est devenue Télumée et aussi celle de tout un peuple.

Un grand roman à lire qui évoquera, pour certains lecteurs et lectrices, les romans de Maryse Condé.

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C’est lundi, que lisez-vous? #3

Le rendez-vous des lectrices et lecteurs chez Galleane.

Ce que j’ai lu: Pluie et vent sur Télumée Miracle de Simone Schwarz-Bart (le billet s’en vient!)

pluie-vent-sur-telumee-miracle

 

 

 

 

Ce que je lis: La porte du ciel de Dominique Fortier

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Ce que je vais lire: Le monde sur le flanc de la truite de Robert Lalonde

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Demain j’aurai vingt ans

Alain Mabanckou

Éditions Gallimard, 2010

 

Présentation de l’éditeur :

Pointe-Noire, capitale économique du Congo, dans les années 1970. Le narrateur, Michel, est un garçon d’une dizaine d’années qui fait l’apprentissage de la vie, de l’amitié et de l’amour, tandis que le Congo vit sa première décennie d’indépendance sous la houlette de « l’Immortel Marien Ngouabi », chef charismatique marxiste. Les épisodes d’une chronique familiale truculente et joyeuse se succèdent, avec ses situations burlesques, ses personnages hauts en couleurs : le père adoptif de Michel, réceptionniste au Victory Palace ; maman Pauline, qui a parfois du mal à éduquer son turbulent fils unique ; l’oncle René, fort en gueule, riche et néanmoins opportunément communiste ; l’ami Lounès, dont la sœur Caroline provoque chez Michel un furieux remue-ménage d’hormones ; bien d’autres encore. Mais voilà que Michel est soupçonné, peut-être à raison, de détenir certains sortilèges…
Au fil d’un récit enjoué, Alain Mabanckou nous offre une sorte de Vie devant soi à l’africaine. Les histoires d’amour tiennent la plus grande place, avec des personnages attachants de jeunes filles et de femmes. La langue que Mabanckou prête à son narrateur est réjouissante, pleine d’images cocasses, et sa fausse naïveté fait merveille.

Premier abandon de l’année. Je l’ai déjà dit pour le livre Room, j’ai beaucoup de mal avec les narrateurs-enfants. Bien que je réalise qu’il s’agit d’un exercice de style plutôt difficile pour les romanciers, je trouve presque toujours le résultat emprunté. Je ne peux faire autrement que d’entendre l’auteur derrière le narrateur-enfant. En effet, la dénonciation candide du narrateur de dix ans semble trop parfaite; rien n’échappe à son regard « innocent », que se soit la dictature dans laquelle il vit, la guerre au Viet Nam, le post-colonialisme français ou l’hypocrisie générale des adultes. Les enfants peuvent voir beaucoup de choses, mais pas toutes les choses.

Selon moi, le narrateur-enfant fonctionne mieux pour la bande-dessinée (Calvin et Hobbes par exemple) grâce à la nature même du médium bande-dessinée qu’on associe généralement à l’enfance et parce que ce sont de courtes vignettes. Un roman me semble trop long pour supporter le style « enfant » surtout lorsqu’il n’y a pas d’intrigue pour supporter le tout (en tout cas jusqu’à la page 97 où je me suis rendue). On se lasse assez rapidement du procédé de la dénonciation sur le style du babillage candide.

Je verrai si j’ai plus de chance avec Mémoires de Porc-Épic du même auteur.

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Autoportrait de l’auteur en coureur de fond

Haruki Murakami

Éditions Belfond, 2009

Version originale japonaise: Hashiru Koto Ni Tsuite Kataru Toki Ni Boku No Kataru Koto, 2007

L’auteur japonais Haruki Murakami s’astreint chaque jour à une discipline draconienne : il court une dizaine de kilomètres. À travers cette discipline, ce n’est pas seulement son corps qu’il forge et qu’il soumet, mais également sont esprit. « Pour moi, courir est à la fois un exercice et une métaphore. En courant jour après jour, en accumulant les courses, je dépasse les obstacles petit à petit et, lorsque j’ai réussi à franchir un niveau supérieur, je me grandis moi-même. ». Ainsi, discipline et persévérance sont les qualités sine qua none du coureur de fond, mais aussi de l’écrivain. Il faut s’astreindre chaque jour à la tâche pour parvenir à produire quelque chose de bien et s’améliorer. L’entraînement et la discipline peuvent même, dans une certaine mesure, pallier à un manque de talent.

Il n’y a pas de fioritures dans ce récit. Murakami parle de souffrances, il parle d’échecs. Ces deux sentiments font intrinsèquement parti de la réalité de la course de fond et aussi de l’écriture, mais également de toutes activités auxquelles on se consacre réellement. Lorsque Murakami aborde des courses particulièrement difficiles, il évoque la possibilité de l’abandon pour mieux l’écarter. Oui, il pourrait arrêter, mais faire quelque chose jusqu’au bout de soi offre un sentiment de plénitude, de contentement. « J’ai accepté un pari risqué et j’ai trouvé en moi la force de m’y confronter. »

Ce livre est plus qu’un simple récit de coureurs; c’est une inspiration. Ce livre donne envie de nager, de courir, de se donner entièrement à une activité, de se mettre à l’épreuve.

« Simplement, je cours. »

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